#6.4 : J'aime pas les mardis par Xian Moriarty

Publié le par Mina

 

xianmoriartyB Et pour finir avec cette sixième session d''On attend de vous lire !, Xian Moriarty propose une nouvelle sur le thème : "Le personnage de mon propre roman est venu me rendre visite". Bonne lecture !

 

 


 

 

J’aime pas les mardis.

Ou pas.

 

 

            Le réveil sonne.

— Co…

Et voilà. Encore une fois, mon premier mot du matin est une tendresse envers cet appareil diabolique qui prend plaisir à me fait émerger de mon sommeil.

— Et p…, c’est mardi…

Seconde joie. Si beaucoup de personnes ne supportent pas le lundi, premier jour de la semaine, moi j’approuve une certaine aversion pour le second. Il faut dire que toutes les emmerdes possibles et inimaginables qui peuvent me tomber dessus arrivent lors de ce jour. Factures, profs absents aux cours du matin, B.U. fermée alors que c’est la date limite pour rendre les ouvrages… Bref, Garfield a le lundi, Xian Moriarty a le mardi.

            Après un petit déjeuné d’une banalité criante, je m’habille et je me rends à l’Université pour y suivre l’un des enseignements les plus passionnants de mon cursus, les Arts Actuels, ou comment on se fait expliquer qu’un mec prenant en photo les traces de sa motoneige est l’égale du Michel-Ange. Vous avez du mal avec cette idée ? Moi aussi.

Je suis une élève trop consciencieuse, car je suis la première arrivée, comme toujours. Il faudrait que je perde cette habitude surtout pour un cours aussi ennuyeux. Si le prof avait été dynamique, ou même mignon – il n’y a pas de mal à demander la lune —, l’ennui aurait peut-être été moins dur.

 Je ne m’installe ni trop devant – les rangs réservés aux amateurs d’art bizarroïdes – ni trop derrière – les glandeurs.

Mon bloc de dessin dissimulé sous mes notes, je commence à faire des gribouillis en attendant l’arrivée du maitre de conférences. Je ne prête guère d’attention aux étudiants qui arrivent au compte-goutte, seuls ou en groupe. De toute manière, je sais que je n’ai pas d’amis parmi eux.

            Le prof arrive enfin et le cours débute. C’est avec un certain désespoir que je m’apprête à avaler deux heures de discours sur le Land Art et sur un mec tordu qui fait des constructions aux tractopelles sur les plages… Je n’aime vraiment pas les mardis.

Je continue de dessiner les personnages de mes histoires. Je n’apprécie pas trop de parler de romans pour ce que j’écris. Je ne suis pas publiée donc je trouve que cela fait prétentieux. Ce n’est pas demain la veille que je le serai.

Au milieu du cours, la porte de l’amphi s’ouvre sans grande discrétion. Machinalement et par réflexe, je me retourne pour voir la tête de l’abrutie qui vient s’endormir ici. Il aurait bien mieux fait de rester dans son lit. Et là, surprise !

Pendant un bref instant, je m’interroge sur mon état. Suis-je en train de rêver ? La jeune femme qui vient de pénétrer dans la salle n’est autre que Macha, l’héroïne principale de ma série de cape et d’épée. Je me dis d’abord que je me suis endormi et que je suis en plein songe. Le pincement que je m’inflige me prouve le contraire. Puis je me rends à l’évidence, je suis bel et bien dans la réalité. Même si une personne avait eu vent de la description de la jeune femme via les extraits que je poste sur le net, il était impossible pour que quelqu’un lui ressemble à ce point. Elle est telle que je l’avais toujours imaginé.

Grande, élancée sans pour autant être maigre comme les femmes écervelées de maintenant, une taille enserrée dans un corset couleur vin, Macha  parcourait de ses yeux verts l’ensemble de l’amphi. Elle m’aperçoit et un large sourire de soulagement vint se dessiner sur son visage au menton carré. Malgré ce détail très masculin, je me demande encore comment les autres personnages de mes récits ont-ils fait pour la prendre pour un homme. Question dont je me retourne l’interrogation puisque c’est moi qui aie décidé de ce fait. Devrais-je revoir les niveaux intellectuels de mes héros ? Ou le mien ?

Sans prêter aucune attention au prof, qui la regarde de ces yeux béats – elle est tout de même dans un sacré corset —, Macha dévale les marches deux par deux. Ses longs cheveux noirs retenus par un large morceau de tissu vert jaunâtre tapent contre ses hanches. D’une main, elle tient sa rapière contre elle afin que celle-ci ne lui martèle pas les cuisses.

Vingt Dieux, que fait-elle ici ? Et avec ses armes !

            Elle se faufile sans peine jusqu’à moi dans l’allée. Il faut dire qu’il n’y a personne.

— Vite, il faut que tu viennes avec moi, me dit-elle tout en saisissant le bras.

Je reste coi quelques instants. Je ne parviens pas à me dire que l’une des héroïnes de mes histoires est là, juste devant moi et qu’elle me parle. Sa voix est à la fois grave et mélodieuse, comme je me l’étais toujours imaginé.

Face à mon mutisme, elle vient me chuchoter quelques mots à l’oreille. Un peu perdu, je jette un regard interrogateur vers elle, puis vers le prof qui enrage.

— Le grand-père a été enlevé. J’ai besoin de ton aide pour remettre la main dessus.

Encore une fois, je suis pantoise. Puis mon cerveau tilt enfin. Je viens enfin de reprendre mes esprits. Macha est toujours là, en face de moi. Je n’ose pas la regarder dans les yeux et je fixe mon regard sur sa large cicatrice sur la partie droite de son visage. La vache ! Je ne l’ai pas épargnée cette pauvre fille.

Mes affaires remises à la va-vite dans mon sac, nous quittons toutes les deux l’amphi sous les murmures des étudiants. Une fois dehors, je m’adresse à elle pour la première fois.

— Comment ça Richelieu a été enlevé ?

 

            Il ne nous fallut pas plus de quelques minutes pour regagner mon petit appartement en face de la fac. C’est alors que Macha me fait le récit de ce qui lui était récemment arrivé.

Alors qu’elle devisait poliment – elle insista sur ce terme et vu le caractère que je lui ai fait, j’imagine sans peine la teneur de la conversation – avec Richelieu, un homme était sorti de nulle part et les avait violemment agressés. D’un seul coup, il l’avait propulsé à plusieurs mètres. Elle conservait encore une douleur dans la poitrine. Puis, il s’était enfui avec le cardinal sous le bras.

Si le récit ne me perturba pas trop – ces événements auraient presque pu être une de ses aventures —, je ne comprenais pas comment et pourquoi elle se trouvait ici. Elle était un personnage de fiction, et moi une pauvre étudiante dans un monde tristement réel. Et c’était mardi de surcroit.

— À vrai dire, je n’en sais rien, m’avoua-t-elle. Je savais juste que je devais te trouver pour que tu m’aides à récupérer le grand-père.

Ça me fait une belle jambe une réponse pareille. Je m’en contenterai. Vu la situation, je sens que je suis embringué dans une histoire sans queue ni tête. Parce que je veux bien, moi, l’aider à retrouver l’un des personnages les plus célèbres de France, mais je n’ai absolument aucune idée des démarches à suivre. Dans un cas normal, il aurait fallu prévenir la police. Ha ha ha. Bonjour, j’appelle pour signaler l’enlèvement du Cardinal de Richelieu… Autant me rendre de mon plein gré dans le service psychiatrique le plus proche.  

Je propose à mon invitée une tasse de thé le temps de réfléchir à la situation et aux actions à envisager. Pendant que l’eau boue, je lui pose des questions sur son agresseur. Elle m’en fait une description très précise.

— Il était plus grand que moi. Je dirai plus d’un mètre quatre-vingt. Bruns, les cheveux coupés courts avec une raie sur le côté. Une barbe. Les yeux d’un bleu glaçant. Un nez aquilin et des sourcils broussailleux. Il portait un costume étrange, assez semblable à votre professeur d’université.

Pendant qu’elle parlait, je lui servis sa boisson. Avec les nombreux détails qu’elle me donne, j’essaie de mettre un visage et un nom sur le kidnappeur – le cardinalnappeur devrait-je même dire. Aucun personnage de l’univers de Macha ne semble correspondre, même si j’exclus le costume moderne. Puis, j’eus soudain une idée un peu saugrenue. Je saisis mon cahier à dessin dans mon sac. Me stoppant sur une page, je montre l’illustration de la page à Macha.

— Oui, c’est lui, s’exclame-t-elle.

Ne pouvant m’empêcher de répondre on n’est pas sortie de la merde, la jeune femme me regarde d’un air interrogateur. L’homme qu’elle vient de me désigner n’est autre que Mikhaïl, le « méchant » du second tome de ma saga des Yggardiens.

Bordel, je n’ai même pas encore écrit ce tome ! Comment ce personnage a-t-il pu sortir de son récit pour passer dans un autre alors que son histoire d’origine n’est même pas écrite ? Merde ! Cette aventure va finir par me faire marcher sur la tête ! Pour couronner le tout, il ne faudrait plus que ce vampire – oui, Mikhaïl est un vampire, ça, c’est du spoiler – me téléphone.

Le thème principal de Star Wars résonne dans mon appart. C’est la sonnerie de mon portable…

 

            Plus les choses se passent, plus je me dis que cette histoire c’est du grand n’importe quoi avec un grand I et un grand Q. C’est bien Mikhaïl qui m’a téléphoné. Contrairement à Macha, mon vampire connait les technologies modernes. Il nous a donné rendez-vous dans un petit bar de Rennes pour discuter des conditions de libération de Richelieu. À sa proposition, j’avais eu l’envie de lui dire merde et d’aller de faire voir. Mais j’avais réussi à garder mon sang-froid et à accepter.

Je suis passionnée par le mythe du vampire. D’ailleurs, je suis toujours la première à me plaindre que les buveurs de sang soient toujours jeunes, beaux et désirables. S’il est dur de qualifier Mikhaïl de jeune, je suis bien contrainte de dire que j’ai été très généreuse avec lui pour ce qui est de son physique. Je devrai me flageller pour avoir fait un vampire aussi canon. Vingt Dieux !

Affalé dans un large fauteuil rembourré, il dégage l’aura d’un monarque ! Un charme vénéneux à faire fondre n’importe quelle femme avec un peu de jugeote et de goût. Il a également un charisme à la Liam Neeson ou un Ralph Fiennes... Mais il faut que je prenne garde, c’est moi qui ai créé cet homme. Je sais l’effet qu’il fait aux femmes. Il jouera de cela pour obtenir ce qu’il veut de Macha et de moi. Pourvu que cette dernière résiste à son charme.

Avec la courtoisie qui caractérise les hypocrites, il nous invite poliment à nous joindre à lui d’un geste de main. Il se pense toujours le grand seigneur qu’il était autrefois.

— Mesdemoiselles, merci à vous d’avoir si aimablement répondu à mon humble appel.

— Trève de bavardage beau brun ! Où est mon grand-père ?

Et bien, quelle franchise ! Macha a toujours eu ce don pour le rentre-dedans. Et elle le fait avec beaucoup de délicatesse. Je me demande si elle a vraiment conscience du danger que représente Mikhaïl. J’en doute beaucoup. J’ai peur que cet entretien vire au pugilat, ou autrement dit à la raclée de notre vie.

— Ton petit cardinal de pacotille se porte à merveille ma douce.

S’il a dit ses premiers mots avec un sourire charmeur, son visage devient plus sombre pour déclarer.

« Cependant, ce n’est pas à toi que je m’adresse, mais à elle ».

Une boule se forme dans mon estomac lorsqu’il me désigne du doigt. Macha n’a pas l’air très contente, mais se tait. Pourtant, je suis sûre qu’une bonne dizaine d’injures se bousculent dans sa tête.

Que me veut-il ce psychopathe ? Cette histoire me dépasse de plus en plus. Premièrement, elle est insensée : jamais je n'aurai dû rencontrer les personnages de mes propres histoires. Ensuite, hormis en écrivant un cross-over – ce qui n’est pas dans mes projets – jamais ces deux-là n’auraient dû se rencontrer. Et pour terminer, qu’ai-je à voir dans leurs affaires ?

Mikhaïl me fait peur. Il est extrêmement dangereux sous ses airs de Don Juan !

— Chère et tendre Créatrice, me dit-il sur un ton mielleux, je suis tout à fait disposé à rendre le vieux à ton spadassin, mais à une condition.

Bien, voyons ! À quoi dois-je m’attendre ? Je le voyais mal me dire : ah non, mais j’ai fait ça pour m’amuser, tiens je te le rends. Je ne sais pas ce qu’il va me demander, mais cela me donne des frissons dans le dos. Je sens le coup fourré venir.

Il me regarde de ses yeux de glace. J’ai l’impression qu’il tente de lire au fond de moi la chose qu’il souhaite me demander. Il sent ma peur, j’en suis sûre ! Mikhaïl sait faire naître ce sentiment chez les gens, ce n’est pas pour rien que son pseudonyme, viénoznaia krov, signifie « sang noir » en russe. Putain, pourquoi est-ce que je crée des personnages aussi flippants moi ! Boulet va !

— Je veux savoir comment on ouvre les Portes, me demande-t-il sans cesser de me regarde.

Dans un dialogue écrit, j’aurai mis trois points de suspension. Et j’aurai même pu écrire deux à trois lignes de gros mots pour signifier la merde dans laquelle je suis.

Je n’ose me tourner vers Macha, mais je sais qu’elle attend de moi une réponse pour récupérer Richelieu.

Mikhaïl vient de me mettre face au mur et ma fainéantise intellectuelle de l’auteure de pacotille que je suis ! Les « Portes » ne devant apparaître qu’à la fin du second tome de ma série des Yggardiens, je ne me suis pas encore posé la question de savoir comment on les ouvrait ! Le vampire me demande quelque chose à laquelle je ne puis répondre ! C’est la loose ! Il faut que j’improvise un subterfuge. Et vite ! Un truc crédible dans la mesure du possible.

Je bafouille quelques sons incohérents – je vous rappelle que mon interlocuteur me fout les pétoches comme ce n’est pas permis – avant de répondre :

— Laquelle ?

Il semble surpris de ma réponse. Macha, elle, reste impassible. Elle ne comprend pas vraiment de quoi nous parlons. Leurs univers respectifs sont trop différents.

— Comment ça, laquelle ?

Son visage s’assombrit. Il me fait une peur de tous les diables. Vingt Dieux, que suis-je allée faire dans cette galère ? Au secours !

— Et bien, vois-tu, j’ai créé des centaines de Portes et chacune à un mécanisme diffère. J’ai besoin de savoir laquelle tu souhaites ouvrir pour te répondre convenablement.

J’espère que le tutoyer ne signe pas mon arrêt de mort. Mais je me vois mal vouvoyer mes propres personnages, aussi cruel soit-il ! Mon vampire semble assez mécontent de mon explication.

— C’est celle de l’Ange Paon.                                                    

— Très bien. Cependant, il va me falloir un peu de temps pour te donner la réponse.

Ses yeux rétrécissent et j’ai l’impression qu’il me lance des pics de glace. Sent-il que je lui mens ou est-il juste contrarié ? Macha aussi n’a pas l’air très réjoui.

— Je ne me souviens pas de tout, tentais-je d’expliquer. J’ai tout noté dans un carnet.

— Notre prochain rendez-vous sera ce soir, à onze heures aux Portes Mordelaises.

Sur ce, il bondit de son siège et nous quitte comme un ouragan. Macha se lève aussi, mais je la retiens. Elle s’inquiète pour Richelieu, mais je tente de la convaincre que ce dernier ne risque rien pour le moment. Le vrai problème viendra au moment où Mikhaïl se rendra compte que je l’ai berné.

— Je vois de qui je tiens, me dit-elle.

Ouais… Elle exagère quand même.                                                                                              

 

L’heure du second rendez-vous a sonné. Et probablement mon arrêt de mort. Moi qui rêvais d’aventure, me voilà servi ! Comme c’est mardi, je ne doute pas une seconde que cette histoire va mal se terminer ! Surtout que Macha a une furieuse envie d’en découdre. Je ne suis pas parvenu à lui faire entendre raison – je me maudis de lui avoir fait un caractère aussi entêté et je plains Richelieu et encore plus Tolbiac. Mais comment font-ils pour la supporter ? Je me le demande. En plus, je me suis fait engueuler par celle-ci. Un comble ! Certes, j’admets volontiers que ma petite manipulation nous a fait gagner du temps. Mais pour quoi ? Je m’interroge sur la volonté de Mikhaïl disposé à nous rendre Richelieu. Surtout qu’à aucun moment, ni lui ni nous n’avons précisé dans quel état nous devions le récupérer. Il pourrait très bien que ce soit son cadavre que l’on récupère. Misère de misère. 

Les Portes Mordelaises sont un endroit parfait pour un guet-apens selon Mikhaïl. Sombre et étroit. Le vieil édifice médiéval a toujours ses deux tours et son pont-levis en bois. Bon sang de bonsoir, j’ai le cœur qui bat la chamade. Comment puis-je avoir peur de mes propres personnages à ce point ! Je jure d’écrire une histoire de bisounours, si je m’en sors sans une égratignure et surtout vivante. Je déteste les mardis ! Ah si seulement le rendez-vous avait été à minuit, peut-être que le passage au mercredi nous aurait porté chance.

L’arrivée de Mikhaïl se fait dans une discrétion totale et dans une théâtralité digne d’un film. Apparu comme par magie, il se tient droit comme un I entre les portes, un énorme sac à patates sur l’épaule. Richelieu.   

Il y a un moment de silence. La main sur sa rapière, je sens Macha prête à se jeter sur le vampire si ce dernier se montre hostile envers son otage.

— Comment ouvre-t-on la Porte de l’Ange Paon ? demande-t-il.

Il a l’air assez pressé. Je pense qu’il en a plus que marre d’attendre une réponse de ma part. J’espère qu’il croira à mon mensonge. De toute façon, si je lui dis que je n’ai pas encore pensé à la manière dont j’allais m’y prendre pour ces fichues Portes, il nous tuera tous. Quelle honte ! Se faire massacrer par un de ses personnages.

— Montez-nous le Cardinal, lui ordonne mon acolyte escrimeuse.

Elle me devance sur cette idée. Je ne suis pas très douée pour la négociation, mais je préférerai être sûr que Richelieu soit en vie.

Mikhaïl sourit, il devait s’attendre à ce genre de requête. Il délie le sac d’où il sort la tête de son otage. Le Cardinal semble en très bonne forme vu la manière dont il se tortille et par les bribes d’injures et de menace qu’il profère.

— Très bien. Libérez-le.

— Pourquoi le ferais-je tant que je n’ai pas la réponse à ma question ? Qui me dit que vous ne vous enfuirez pas une fois qu’il sera avec vous.

— Parce que tu ne mettrais pas trente secondes pour nous rattraper, lui rétorquais-je.

Il nous dévoile ses belles canines. Puis il exécute ce que je lui ai demandé. Macha, les mains en l’air pour signaler qu’elle n’attaquera pas, s’avance pour aider le vieil homme à s’éloigner de son ravisseur. Ce genre d’aventure n’est plus de son âge.   

Bon. Maintenant c’est quitte ou double. De toute façon, rien ne prouve qu’il nous laisse partir en vie. J’ai vraiment négocié comme un pied.

Je m’apprête à répondre lorsqu’une ombre tombe sur les épaules de Mikhaïl et qu’une épée le traverse de part en part, s’enfonçant dans le bois du pont-levis.

 

Putain c’est quoi ce bordel !

C’est qui celui-là ? Ezio ou Altaïr d’Assassin’s Creed ? Pof, une ombre tombe du ciel et m’embroche le vampire. C’est quoi ce mauvais scénario de film ! Je sens que je vais m’arracher les cheveux !

Macha, sa rapière dans une main, sa jian* dans l’autre, s’est mise en garde devant nous pour nous protéger. J’entends Mikhaïl gémir dans une langue que je ne connais pas, mais que je suppose être du russe. Il gesticule dans tous les sens, mais il ne parvient pas à se défaire de l’arme qui l’empale. L’ombre, encapuchonnée dans une large cape, lui donne un violent coup de pied. Méthode reconnue et très efficace pour assommer les personnes très pressées de s’enfuir.

L’inconnu se découvre. C’est Novgorod ! Qu’est-ce qu’elle fout ici ? Encore un personnage de mes romans ! Je n’avais pas assez de Macha sur les bras ! Vingt Dieux pourvu qu’elle ne me dise pas qu’un grand brun balafré, venant du monde de Macha, lui à rafler le professeur Eustache !

Je pose ma main sur celle de Macha afin de lui faire comprendre qu’il n’y a pas de danger. Puis je m’avance vers la nouvelle venue pour connaitre la raison de sa présence ici, bien que la réponse soit à ses pieds.

Novgorod possède une certaine classe. Sa silhouette est filiforme dans sa cape, c’est bien pour dissimuler les rondeurs de son ventre. Comme Macha, elle a les cheveux noirs et les yeux verts, mais les siens sont un peu plus bridés. Mes héroïnes sont vraiment canon ! Mais il ne doit y avoir que moi pour les trouver aussi classe.

— J’étais à la poursuite de ce satané vampire ! J’ai appris qu’il avait enlevé un homme et qu’il était ensuite venu là pour te soutirer des informations. Visiblement, je suis intervenue à temps.

— Oui, ça, c’est sûr ma fille. Merci. J’avais tellement envie de finir en en-cas pour vampire. Mais au niveau du style, c’était nul.

— Comment ça, c’était nul ? À quoi t’attendais-tu ? Tu aurais souhaité que je fasse un triple salto avec vrille inversée, que je tombe derrière son dos afin que nous nous lancions dans un combat épique pour que je termine la tronche à moitié en sang ? Vous êtes tordus, vous, les auteurs. Situation simple, actions simples. Il n’y a que dans vos fictions que nous faisons des choses insensées pour dynamiser l’action. Mais dans la vraie vie, on fait simple.

— …

Je ne sais pas si je dois m’étonner de sa réponse ou m’interroger sur le fait que nous soyons dans la vraie vie ! L’apparition de quatre personnages de mes récits dans ma vie ne m’apparait pas vraiment comme quelque chose de vrai ! Bref, ce n’est pas la peine de réfléchir de toute façon, c’est mardi.

Un bruit de cloche résonne. Il est minuit. La vache, ça passe vite le temps quand on s’amuse – encore faut-il considérer que ce qu’il m’arrive est une distraction.

Macha et Richelieu se regroupent autour de Novgorod et moi. Le Cardinal me remercie pour mon aide et mon dévouement. Je reste muette. Un des plus grands personnages historiques de France vient de me dire merci. Aucun de mes profs d’Histoire ne me croira !

Les coups continuent de résonner. Mais ils prennent une sonorité étrange.

 

Bam, bam, bam

— Alors mademoiselle, on écoute attentivement ce que je raconte ! La nuit, c’est fait, pour dormir vous savez.

Je regarde devant moi sans comprendre ce qui se passe. Il me faut quelques secondes pour comprendre que je suis dans l’amphi de la fac et que mon prof d’Arts Actuels ne semble pas trop apprécié mon assoupissement.

Je baragouine quelques mots d’excuse. Cela veut dire que ce que je viens de vivre n’est qu’un rêve ? Il faut le croire. Je regarde ma montre pour regarder l’heure. Ho non, il reste près d’une heure trente de cours ! Et moi qui viens de rêver de presque une journée !

Bordel j’aime pas les mardis !

 

*Jian : épée asiatique.

 

 

 

 

Macha, Richelieu et Tolbiac sont des personnages issus de ma série de cape et d’épée « Macha ».

Mikhail, Novgorod et Eustache sont des personnages issus de ma saga les Yggardiens.

Ces œuvres ne sont pas publiées. Un jour peut-être…

 


 

 

Voici donc la première nouvelle, à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au dimanche 2 décembre, vous allez pouvoir voter.
Petit rappel, un vote est un petit commentaire avec une note de 0 à 5, argumentée (^-^)


Cette dernière précision est de plus importante car une note seule n'a que peu d'intérêt et n'est pas très représentative. Je vous la demande seulement pour un petit bilan à la fin du mois mais je pense que ce qu'attendent vraiment les auteurs, c'est un petit avis. Merci  

 

 

Publié dans 6ème page

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