#4.2 : Un voisin d'enfer ! d'Angélique Lesieur

Publié le par Mina


angeliquelesieurBPoursuivons la découverte sur 'On attend de vous lire ! en ce début de septembre avec la nouvelle d'Angélique Lesieur

Elle nous propose une nouvelle sur le thème : "Azazel est mon voisin". Tout le monde voit qui c'est ?!? lol Bonne lecture !

 

 


 

 

Un voisin d’enfer

 

            Nous roulions depuis quatre bonnes heures à travers champs et forêts, et je commençais sérieusement à m’ennuyer. Je désespérais d’apercevoir le toit d’une maison ou d’un immeuble ou de n’importe quoi d’autre me prouvant que nous arrivions enfin en ville en laissant derrière nous la campagne. Mais ce moment de délivrance tardait à arriver. Alors, comme tous les enfants et adolescents qui trouvent le voyage trop long, je posai la fameuse question :

- Quand est-ce qu’on arrive ?

- Dans trente minutes, répondit mon père sans quitter la route des yeux.

- Mais tu as déjà dit ça il y a une heure ! me lamentai-je.

- Quentin, laisse ton père conduire tranquille, gronda ma mère. On arrivera quand on arrivera.

            Quentin, c’est moi. J’ai quinze ans. Autant vous le dire tout de suite, je détestais les voyages en voiture où il n’y a rien d’autre à faire que de compter les voitures qui dépassent la nôtre.

            Nous roulions depuis une éternité vers notre nouveau « chez nous », en suivant le camion de déménagement sur l’autoroute interminable. Mes parents avaient décidé de délaisser le calme de la campagne et l’odeur des bouses de vaches au profit du stress de la ville et des pots d’échappement. Allions-nous gagner au change ? Pas si sûr. Quoique…

            En tous cas, j’étais on ne peut plus impatient de découvrir notre nouvelle demeure.

Quarante-cinq minutes plus tard, la ville se dessina devant nous alors que le soleil disparaissait à l’horizon. C’était une petite ville dont le nom est si difficile à prononcer que je vous épargnerai de devoir le lire. Grâce au GPS dont était équipé la voiture, nous trouvâmes rapidement la maison. Elle se situait non loin du centre-ville, coincée entre deux autres bâtisses de la même taille. Celle de gauche avait tous ses volets fermés. La végétation semblait avoir repris ses droits dans le jardin qui aurait mérité qu’on l’entretienne un peu mieux. La façade fissurée et rongée par le lierre donnait l’impression que la maison était abandonnée. Ou peut-être les propriétaires étaient-ils en vacances et apportaient peu d’intérêt à l’entretien de leur maison ?

Je ne le savais pas encore, mais j’étais loin d’imaginer ce que cette vieille bâtisse renfermait…

Mais revenons à ma propre demeure, qui arborait un aspect bien plus rassurant, de même que celle de droite, avec leurs arbres fleuris et leur façade blanche. Bon, les volets de ma maison étaient aussi fermés pour le moment. Mais ils ne le restèrent pas longtemps, car dès que je fus entré à l’intérieur, je grimpai à l’étage, curieux de découvrir la pièce qui deviendrait ma chambre. J’entrepris d’ouvrir toutes les fenêtres, histoire d’aérer la maison restée sans propriétaire depuis des lustres.

En redescendant, je croisai mon reflet dans un miroir fixé au mur. Je m’y découvris avec un visage joyeux. Quelques mèches blondes retombaient devant mes yeux couleur océan.

Je passais le reste de la soirée ainsi que le jour suivant à aider mes parents pour décharger le camion de déménagement. Il nous fallut encore une journée de plus pour tout installer et mettre en ordre dans la maison.

Le jour suivant, je devais faire connaissance avec mon nouveau lycée et mes camarades de classe. Voilà pourquoi, ce matin là, j’étais tellement stressé qu’en sortant de chez moi je n’avais pas remarqué la paire d’yeux qui m’observait depuis la maison recouverte de lierre et de fissures.

 

            Le professeur me présenta rapidement à la classe et me pria d’aller m’asseoir. Ce que je fis. Je me trouvai une place dans le fond de la salle, à côté d’une fille occupée à ruminer un chewing-gum. Elle m’ignora malgré mes quelques tentatives pour nouer contact. Je n’avais jamais eu beaucoup de  facilité à me faire des amis. On me jugeait généralement trop timide. Je passais donc le reste de la journée comme j’avais l’habitude de passer toutes les autres, c’est-à-dire seul.

            Quand je rentrai chez moi le soir, je trouvai mes parents sur le canapé à regarder la télévision.

- Comment s’est déroulée ta première journée dans ta nouvelle école ? me demanda chaleureusement ma mère.

- Bien, mentis-je.

- Les voisins de la maison de droite sont venus nous souhaiter la bienvenue tout à l’heure, m’informa mon père. Il s’agit d’un couple de retraités très gentil.

            Tout en écoutant son récit, je me dirigeai vers la cuisine où je me fis un sandwich puis revins dans le salon.

- Et les autres ? demandai-je en mordant dans le pain.

- Quels autres ?

- Ceux de la maison toute abîmée à gauche de la nôtre.

- Oh, celle-là, elle est à l’abandon. Nous avons dû oublier de te le dire, fiston. Les propriétaires sont décédés il y a longtemps et comme ils n’avaient pas de famille à qui léguer la demeure, celle-ci est restée là, sans personne pour décider quoi en faire.

            Voilà pourquoi les volets étaient tous fermés, même dans la journée. Cela expliquait aussi le mauvais entretien du jardin et de la façade.

            A vrai dire, j’étais un peu déçu par cette nouvelle. J’aurais aimé avoir au moins un voisin de mon âge, histoire de me faire des amis. Mais bon. Tant pis.

 

            Une semaine passa. On était mercredi. Mes parents dont le travail leur prenait tout leur temps étaient partis pour la semaine entière, me laissant seul à la maison. Etant donc livré à moi-même, je devais me débrouiller comme un adulte.

            Comme à mon habitude, je me levai de bonne heure, fis ma toilette et m’habillai, avant de sortir prendre le courrier. Il faisait frais ce matin-là, et une brume légère, presque irréelle, serpentait au ras du sol. Le brouillard matinal donnait aux alentours un aspect peu rassurant. J’avançai en frissonnant sur le petit sentier reliant la maison à la route, en passant devant la boîte aux lettres. Mais celle-ci ne contenait que de la publicité.

Alors que je m’apprêtais à repartir vers ma maison avec le paquet de pub sous le bras, un mouvement furtif dans la brume me fit sursauter. Je fis volte-face et me retrouvai nez à nez avec un garçon d’une vingtaine d’années. La surprise fut telle que je laissai échapper un cri. Il ne réagit pas. Il se tenait là, immobile comme une statue, accoudé au muret séparant ma maison et celle de gauche.

Je ne l’avais même pas entendu approcher ! Pourtant, il n’y avait pratiquement aucun bruit dans la rue encore endormie.

L’étrange type me dévisagea d’un air impénétrable. Il était impossible de savoir à quoi il pensait. Son regard aussi sombre que ses cheveux contrastait avec la pâleur de son visage.

- Heu, bonjour, hasardai-je d’une voix mal assurée.

            Il n’y eut aucune réponse, c’était à croire qu’il était sourd. Le silence pesant qui venait de s’installer me mettait mal à l’aise. Inutile d’insister. Ses yeux menaçants me faisaient froid dans le dos. Je me retournai et repartis lentement vers ma maison. Je sentais son regard qui suivait le moindre de mes pas.

- Comment tu t’appelles ? lança une intonation masculine derrière moi.

            Sa question, aussi banale soit-elle, me fit l’effet d’un coup de foudre. Je regardai de nouveau vers la silhouette qui se fondait dans le brouillard.

- Quentin, répondis-je. Et toi ?

            Le garçon prit appui sur le muret et sauta par-dessus avec agilité. Il avança et s’arrêta à un mètre de moi.

- Moi c’est Zael.

            « Quel drôle de prénom » pensai-je. Mais je me gardais bien de le lui dire.

            Il se mit à observer ma demeure.

- On a emménagé il y a une semaine et demi, moi et mes parents.

- Je sais, fit-il avec un petit sourire.

            J’allais lui demander où il habitait, mais je me souvins d’un coup que lorsque je l’avais aperçu, il se trouvait dans le jardin de la maison de gauche… celle qui est abandonnée. Comme s’il lisait dans mes pensées, il affirma :

- On est voisin.

- Je croyais que cette maison était sans propriétaire…

- Elle est sans propriétaire officiel, ricana-t-il.

Je jetai un coup d’œil à ma montre. Merde ! J’allais être en retard en cours !

- Heu, je dois y aller, fis-je en me dirigeant vers chez moi au pas de course.

- A plus tard, lança le garçon en retournant se fondre dans la brume comme s’il n’avait été qu’un rêve.

 

            Malgré tous mes efforts pour me dépêcher, quand j’atteignis le lycée, la sonnerie avait sonné depuis déjà dix minutes. Je jurai entre mes dents en repensant au type à cause de qui j’étais en retard. Mais je me voyais mal faire la morale à un mec de cinq ans plus vieux que moi et me dépassant d’une tête et demi. Ravalant ma colère, je me dirigeai vers ma salle de classe en traînant des pieds.

            Heureusement pour moi, le professeur que j’avais ce matin ne me tint pas rigueur pour mon retard vu que j’étais nouveau dans l’école. Ouf ! Mais la journée était loin d’être terminée…

            A midi, je déjeunai seul à une table vide. Alors que j’allais reposer mon plateau sur le tapis roulant où il faut les déposer une fois notre repas fini, deux garçons de dernière année me poussèrent violement dans le dos. Comme vous pouvez vous en douter, je tombai à terre, et mon plateau avec. Les rires et moqueries arrivèrent aussitôt. Inutile de vous préciser que j’eus la honte de ma vie. Bref, les deux types baraqués comme des armoires m’accusèrent de ne pas avoir les yeux en face des trous, et me promirent en prime de se venger. Je priais pour qu’ils n’en fassent rien.

            L’après-midi se passa sans encombre. En sortant du lycée, je n’eus aucun mal à reconnaître les deux silhouettes qui attendaient patiemment adossées contre un mur. Ils ne semblaient pas m’avoir remarqué, alors je fis un large détour pour contourner l’école et ne pas avoir à passer devant eux.

            Une fois devant chez moi, j’avais tellement peur que je ne pus m’empêcher de vérifier que personne ne m’avait suivi. Je laissai mon sac tomber au sol et m’appuyai contre la porte, au bord des larmes. J’avais besoin de me calmer.

- Tu as un problème ?

            Je reconnus la voix sans difficulté. Je me retournai vers Zael qui me fixait, assis sur le muret.

- Oui, avouai-je.

- Tu veux venir chez moi cinq minutes, Quentin ? proposa-t-il sur le même ton.

            Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai accepté. Je l’ai suivi par-dessus le muret et à l’intérieur de la maison abandonnée aux volets fermés. Etrangement, la porte d’entrée n’avait plus de serrure. Elle se referma derrière moi en claquant. Je dus attendre quelques minutes le temps que me yeux s’habituent à l’obscurité qui régnait ici. Zael me conduisit dans une pièce de taille moyenne, éclairée par une dizaine de bougies qui créaient des ombres mouvantes et menaçantes sur les murs.

- Fais comme chez toi, annonça Zael.

            Ses yeux étincelaient comme des joyaux en reflétant les lueurs des chandelles. Je m’assis sur le grand canapé qui trônait au milieu de la pièce. C’est alors que j’entendis un grognement sourd et terrifiant. Je tressaillis en découvrant l’énorme chien noir comme de l’encre, couché au pied du sofa. Zael donna un ordre à l’animal dans une langue que je ne connaissais pas, et le chien cessa immédiatement de grogner.

- Ne t’inquiète pas, il m’obéit au doigt et à l’œil, m’informa-t-il.

- J’ai vu ça.

            Zael s’éclipsa de la pièce le temps d’aller nous chercher quelque chose à boire. J’en profitais pour observer un peu mieux cette étrange demeure. De petites statuettes représentant des diables aux figures effrayantes reposaient sur les meubles en bois massifs. Deux grands miroirs ronds se renvoyaient les reflets des bougies, donnant l’impression que la pièce s’étendait à l’infinie.

            Mon hôte refit irruption, deux verres de limonades à la main. Il m’en tendit un et s’assit à mes côtés.

- T’as une tête à avoir passé une sale journée, fit-il.

            J’acquiesçai.

- Raconte, m’incita-t-il.

            J’hésitais. Je n’avais pas l’habitude de confier mes soucis aux gens, surtout à ceux que je ne connaissais pas bien et qui me faisaient peur. Mais bizarrement, Zael me paraissait moins dangereux que lors de notre première rencontre. Alors, comme si ma langue parlait à ma place, je lui racontais tout. Ma solitude perpétuelle, la mauvaise farce des deux types à la cantine.

- Je vois, conclut Zael une fois que j’eus fini mon récit.

            Il m’avait écouté avec attention sans m’interrompre. Comme un ami.

            Il semblait réfléchir. Puis, il demanda :

- Tu veux que je t’aide à les punir ?

            Sa question se répercuta longtemps dans mon esprit tel un écho interminable. Me venger ? Je n’y avais jamais pensé. Pourtant, l’idée de rendre la monnaie de leur pièce à ces deux gaillards ne me déplut pas. Je frissonnai devant ce nouveau sentiment. Celui qui nous pousse à faire des choses que l’on sait mal, mais qui nous font quand même du bien.

- D’accord, approuvai-je.

            Un large sourire illumina alors le visage de Zael, accompagné d’une lueur cruelle dans le regard où l’on pouvait deviner qu’il préparait déjà un plan d’attaque.

            Quand il me reconduisit dans l’entrée, nous passâmes devant une porte en bois que je n’avais pas remarqué lors de mon arrivée. Elle était abîmée et aurait pu obtenir le titre d’antiquité.

- Il y a quoi derrière ? demandai-je à tout hasard.

- Rien qui te concerne, répondit Zael. Du moins pour l’instant…

            J’étais trop fatigué pour m’interroger sur le sens de ses dernières paroles. Dehors, il faisait déjà nuit. Je dit au revoir à mon ami et rentrai chez moi. Je fis rapidement mes devoirs, avalai un sandwich et m’écroulai sur mon lit où je m’endormis dans les minutes qui suivirent. Cette nuit-là, je rêvais d’étranges personnages aux figures de démons en tous genres, à l’image des statuettes reposant dans la maison de mon voisin Zael.

            Ce n’est que le lendemain matin que je m’aperçus avoir oublié de lui demander pourquoi il vivait dans une maison abandonnée.

 

            Je ne revis pas Zael durant les deux jours qui suivirent, et comme j’étais du genre timide, je n’avais pas eu le courage de lui rendre visite. Le jour d’après, alors que je rentrais de l’école, je fus surpris de découvrir qu’il m’attendait devant ma maison. Ses yeux s’écarquillèrent quand il remarqua mon œil au beurre noir. Je n’eus pas besoin de lui expliquer d’où il venait. Les deux garçons de dernière année avaient juré qu’ils me « feraient la peau », comme ils disaient. Et ils l’avaient fait.

Je vis un éclair de rage se glisser dans le regard noir de Zael. C’est alors qu’il m’expliqua la raison pour laquelle il avait attendu mon retour.

- Une fête ? m’exclamai-je.

- Oui, c’est une excellente idée, fais-moi confiance, assura Zael en secouant ses mèches ébène.

            Mon voisin m’avait exposé son plan. Il allait organiser une soirée chez lui avec ses amis, et mon rôle serait d’y attirer mes ennemis en leur disant qu’ils étaient invités à la fête.

- Moi et mes copains, on se chargera du reste, conclut Zael en me fixant de ses yeux malicieux.

- Qu’est-ce que vous allez leur faire, une fois qu’ils seront chez toi ?

- Tu verras quand on y serra.

            Je réfléchis un instant.

- Tu me promets que je n’aurais rien à faire ? insistai-je. J’ai beau leur en vouloir, je ne me vois pas leur faire du mal.

- Promis.

- Alors d’accord.

            Zael sourit avant d’ajouter :

- Ça sera une soirée d’enfer…

 

Je n’eus aucun mal à attirer les deux types de dernière année chez mon ami. Ils étaient si contents à l’idée de faire la fête qu’ils ne m’avaient demandé aucun renseignement. J’appris que l’un se nommait Fred, et l’autre Barris.

Il était 21h30. Je me dirigeai calmement vers la maison de Zael, les deux brutes sur les talons.

- C’est ici, fis-je une fois arrivé à destination.

- Elle a l’air défoncée cette piaule, cracha Barris.

            Je n’eus pas le temps de lui répondre, Zael apparaissait dans l’entrebâillement de la porte. Il nous fit signe d’approcher. Nous entrâmes donc dans la demeure plus sombre et inquiétante que jamais et emboitâmes le pas de mon étrange voisin.

- Y a même pas de musique ? s’étonna Fred.

            Je me posais la même question. Je n’étais pas un adepte des soirées, mais je savais qu’il y a toujours de la musique lors des fêtes. Je me demandais ce qu’avaient préparé Zael et ses copains. Si seulement j’avais su…

- Bien sûr que si, répliqua Zael en s’arrêtant devant la porte en bois que j’avais remarqué la dernière fois que j’étais venu chez lui.

            Mon ami se tourna vers moi.

- Tu te rappelles, Quentin, fit-il. Tu m’avais demandé ce qui se cachait derrière cette porte.

- Je m’en souviens.

- Tu vas bientôt le savoir.

            Zael entreprit d’ouvrir la porte avec une clé. Une mélodie monta alors du sous-sol, car derrière la porte, il y avait un escalier qui descendait dans les ténèbres.

- La fête est en bas, commenta Zael. Suivez-moi.

            Nous descendîmes l’un derrière l’autre, sans un mot, écoutant la mélodie qui s’amplifiait peu à peu. Nous arrivâmes dans une grande pièce où les murs de pierre se rejoignaient en un dôme au-dessus de nos têtes. Une multitude de bougies et de chandelles illuminaient les lieux. Une cinquantaine de personnes du même âge que Zael se trémoussaient sur la musique entraînante et assourdissante, créant d’immenses ombres dansantes sur les murs. Des aliments reposaient sur des tables le long d’un mur.

- Bon, moi j’y vais, lança Barris en se dirigeant vers le buffet.

            Son ami le suivit aussitôt en lorgnant les quelques filles présentes.

            Zael fixait ses amis en train de danser, l’esprit dans le vague, ses yeux remplis de reflets dorés. Un frisson glacé me parcourut l’échine. Pourtant il ne faisait pas froid. Au contraire, l’air chaud et lourd donnait l’impression d’être dans un four.

            Étant donné que les fêtes entre ados ne m’avaient jamais attiré, je préférai rester à l’écart et observer. Mes deux agresseurs stationnaient devant la nourriture et les verres d’alcool, parfois rejoints par quelques autres jeunes qui discutèrent avec eux. J’eus tout le loisir de remarquer les furtifs regards qu’échangeaient Zael et ses amis, comme s’ils s’envoyaient des messages par la pensée.

            Quand il fut presque minuit, Zael prit un micro et lança par-dessus la musique :

- Bon, mes amis, l’heure est venue de jouer au grand défi. Je vais en expliquer le principe pour ceux qui ne sont jamais venus auparavant.

            Les danseurs se stoppèrent et écoutèrent Zael. Je compris grâce au clin d’œil que Zael me lança qu’il s’agissait du moment que j’attendais, sans trop savoir ce qui allait se passer.

- Les règles sont simples, expliqua-t-il. Vous voyez le puits là-bas ?

            Je suivis du regard ce qu’il montrait. En effet, une espèce de gros puits perçait le sol, dans le fond de la pièce. Je me demandais comment j’avais pu faire pour ne pas le voir dès mon arrivée.

- Le but est de descendre et de récupérer l’objet qui s’y trouve.

- Et qu’est-ce qu’on gagne si on réussit ? le coupa Fred.

            Zael n’avait sans doute pas prévu cette question, car il ne répondit pas. Mais l’une de ses amies lui vint en aide.

- Moi ! fit-elle en le rejoignant et en s’emparant du micro. Celui qui remontera la sphère de braise me gagnera !

- La sphère de braise ?

            Zael remercia d’un sourire son amie et reprit le micro.

- C’est une petite boule de verre rouge. Elle se situe tout au fond du puits, dans une caverne. C’est là que débouche le puits.

- Donc si j’ai bien compris, il suffit de descendre et de remonter avec le machin pour gagner ? conclut Barris.

- Oui.

- Alors je vais le faire ! Mais comment je pourrais voir où je vais dans le noir ?

- La sphère émet une grande lumière. Une fois dans la caverne, tu y verras comme en plein jour.

- D’accord.

            Barris se dirigea vers le puits en bombant le torse. Visiblement, l’amie de Zael avait eu une bonne idée en s’improvisant récompense du défi. Elle avait dû remarquer que lui et son pote déshabillaient les filles du regard. Mais comment ferait-elle s’il remontait avec l’objet ?

            Tout le monde suivit Barris vers le grand puits si profond qu’on n’en voyait pas le fond, pas même la lueur de la sphère. Une échelle faite en cordes nouées les unes aux autres tombait dans le puits, accrochée au rebord par deux crochets de fer.

- Bon, j’y vais. Attends-moi ici poupée, je reviens dans trente secondes ! fit Barris.

            Puis il monta sur le rebord du puits et se plaça sur l’échelle. Son visage trahissait sa peur, mais il se garda bien de protester. Barris descendit peu à peu dans le boyau sombre pour finalement disparaître. Les secondes passèrent. Je jetai des regards d’incompréhension à Zael, qui me répondit par un rictus malicieux. Fred, inquiet pour son ami, se pencha au-dessus du puits.

- Hé, Barris, ça va ? Tu l’as trouvé ?

            Aucune réponse.

- Tu veux aller l’aider ? proposa Zael d’une voix doucereuse.

- C’est pas interdit dans les règles du jeu ? demanda Fred.

            Plusieurs personnes ricanèrent.

- Non, ne t’inquiète pas. Tu peux y aller.

            Fred se hissa alors sur l’échelle et descendit dans les profondeurs noires. C’est alors que je vis Zael sourire bien plus qu’il n’avait l’habitude de le faire, dévoilant des dents étonnamment pointues… Ses yeux prirent une couleur écarlate et ses iris se rétractèrent.

            Soudain, un grondement s’éleva du fond du puits, ainsi que des cris étouffés.

- Qu’est-ce qui se passe ? fis-je.

- Bien joué, Azazel ! lança un garçon à mon ami.

            Zael - Azazel ??? - planta son regard d’argent dans le mien :

- J’ai oublié de préciser que la caverne se remplie d’eau bouillante quand on essaye de bouger la sphère…

- C’était un piège ? m’exclamai-je.

- Bah oui, c’était pas ce que tu voulais ? Tu es vengé, et tu n’as rien eu à faire !

            Je ne répondis pas, restant là à fixer mon voisin d’enfer.

 

 


 

 

Voici donc la première nouvelle, à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au dimanche 9 septembre, vous allez pouvoir voter.
Petit rappel, un vote est un petit commentaire avec une note de 0 à 5, argumentée (^-^)


Cette dernière précision est de plus importante car une note seule n'a que peu d'intérêt et n'est pas très représentative. Je vous la demande seulement pour un petit bilan à la fin du mois mais je pense que ce qu'attendent vraiment les auteurs, c'est un petit avis. Merci  

 



 

 

Les votes pour ce texte sont clos ! (^-^)
Merci infiniment pour vos participations.

 

Publié dans 4ème page

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S
Bonjour, même si j'ai aimée l'histoire, je trouve que c'est un classique, le timide qui est l'est trop pour se venger, le côté obscur qui se charge de le faire avec malice et la fin est prévisible<br /> plusieurs paragraphes d'avances. Le début un peu long effectivement, mais on comprend, si habituellement tu écris des romans complets^^ Mais comme je dis, perso, j'ai aimée quand même. C'est bien<br /> écrit, on comprend bien les gestes de Quentin et ce qu'il décrit, on le voit dans notre tête. 3.5/5 Bonne nouvelle!! Peut-être, justement, que ça aurait été meilleurs encore en roman, c'était très<br /> bien partit. lolll
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M
<br /> <br /> Merci de ton vote Sonia (^-^)<br /> <br /> <br /> <br />
L
Bonjour ! Je dois avouer que je ne suis pas trés emballée par ce texte. J'ai le sentiment que l'auteur a eut quelques difficultés avec l'utilisation de la première personne, ce qui a déclenché<br /> quelques maladresses dans le récit. Par exemple, lorsque que Quentin s'arrête pour se regarder dans un miroir et se décrit. Les phrases sont assez lourdes et méritent d'être retravaillées, d'être<br /> "allégées". Il y a aussi quelques incohérences. Pourquoi Fred et Barris décident d'embêter Quentin ? Et pourquoi acceptent-ils de le suivre à une fête alors qu'ils ne sont pas amis ? Voilà, il y a<br /> quelques peites choses comme cela qui ne collent pas bien. L'histoire est assez banale également, rien de surprenant, mais si le texte était mieux retravaillé, je pense qu'on ne prendrait pas garde<br /> à la banalité de l'histoire. donc, je mets 3/5.
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M
<br /> <br /> Merci de ton vote Lina Carmen (^-^)<br /> <br /> <br /> <br />
A
Merci pour vos commentaires chers lecteurs ^^<br /> Si le début paraît un peu long c'est parce que je n'ai pas l'habitude d'écrire des textes courts, je privilégie généralement les romans, c'est pourquoi l'histoire met un peu de temps à se mettre en<br /> place. Pour la fin, j'ai longtemps hésité : il m'arrive de faire mourir le personnage principal à la fin (oui oui je suis sadique^^) mais j'ai finalement choisi d'autres personnages car je ne<br /> voyais pas Zael faire du mal à Quentin.
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J
Bonjour, je trouve moi aussi le début un peu long. En revanche, j'aime bien l'élégance avec laquelle le fantastique est amené dans la vie de tous les jours.<br /> Je lui accorde 4/5
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M
<br /> <br /> Merci de ton vote Jpbx1 (^-^)<br /> <br /> <br /> <br />
C
J'ai passé un agréable moment avec cette nouvelle, j'en ai même rêvé la nuit dernière... Écriture fluide, suspense bien dosé.<br /> <br /> Il y a juste un passage où je me suis dit :"non, c'est impossible." :: -> Voilà pourquoi, ce matin là, j’étais tellement stressé qu’en sortant de chez moi je n’avais pas remarqué la paire d’yeux<br /> qui m’observait depuis la maison recouverte de lierre et de fissures.<br /> <br /> S’il ne les a pas remarqués pourquoi en faire la remarque…puisqu’il n’a pas pu les remarquer.<br /> <br /> Quelques fautes m’amènent à donner la note de 4/5 !
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M
<br /> <br /> Merci de ton vote Caliope (^-^)<br /> <br /> <br /> <br />